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Cinéma

Bellflower : Glodell Age

Par Pierre Michel   
Le 22/03

Premier film du jeune réalisateur Evan Glodell, "Bellflower", trop clinquant, se perd dans une esthétique surfaite.

La folle journée de Woodrow et Aiden

Le cinéma américain regorge de films et d’histoires d’adolescents paumés, oscillant entre errance et crise existentielle. John Hugues (Breakfast Club) et Gus van Sant en ont fait leur marque de fabrique. Dans Bellflower, de et avec Evan Glodell, il n’est plus question d’adolescents mais de jeunes adultes – et là encore le mot est trop fort -, de jeunes gens sans âge plutôt, coincés dans des passions et fascinations pour le coup, elles, adolescentes. Une génération – Y comme on dit – bercée aux rediffusions de Mad Max, et qui aurait cessé de grandir et sans autre objectif que de réaliser des fantasmes enfantins et de posséder en grand ce qu’ils ont vu dans le petit écran. Si d’aucuns, certains samedis après-midi gorgés d’ennuis, passaient le temps à tenter de reproduire le costume de Ghostbusters avec un baril de lessive et un tuyau d’aspirateur, Woodrow et Aiden, eux, voient les choses en plus grand. Chez eux, tout converge vers la confection d’un lance-flammes et d’une voiture de guerre post apocalyptique, la « Medusa ». Sinon, c’est bière au petit déjeuner et à midi, et whisky le soir pour bien s'achever. Pas forcément triste, mais simplement vain. 

Deux grands garçons donc, pas bien finis, mal dégrossis, mais profondément touchants dans leur amitié et leurs maladresses. Du côté des amours, c’est tout aussi penaud : déclarations précoces, avortées, trop-plein de sentiments difficile à contenir et à maîtriser. Une impasse autant affective qu’existentielle. Perdus, ils ne gardent comme espérance que celle d’un désastre dans lequel ils pourraient  trouver leurs repères. Qu’ils pensent. Bellflower, c’est un peu le roman d’apprentissage en session de rattrapage et à coups d’électrochocs, c'est le télescopage entre aspirations fleur bleue et violence. Une déroute émotive totale.

Hipster

Peut-être trop estampillé « cinéma indépendant américain », Bellflower dissipe ses effets dans un registre trop poseur. L’image, la photographie et les chromatiques employées rappellent désagréablement tout ce que le Web et Facebook peuvent compter en photos Hipstamatic. Toutes les lentilles de l’appli y passent : Buckhorst H1, Kaimal Mark II, Jimmy et enfin John S. Pour être plus clair : c’est jaune, vert, orange et rouge avec en prime les fausses tâches sur la pellicule qui font plaisir. Le film de Evan Glodell se perd malheureusement dans une esthétique un peu surfaite, trop démonstrative, alors même qu’il possède les qualités et atouts qui auraient dû lui permettre de s'en passer.

Dommage donc qu’il décide d’en faire des caisses. Peut-être est-ce le problème d’un réalisateur qui chercherait trop, à travers son premier film, à signifier qu’il peut non seulement tout faire mais aussi surprendre son monde. Dommage. On attend quand même la suite.

 

Date de sortie : le 21 mars 2012. Avec Evan Glodell, Jessie Wiseman et Tyler Dawson. Durée : 1h 46min.

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